Suicide Squad, la critique

Deux semaines après la sortie du film, je vous donne enfin mon avis sur cette Suicide Squad qui fait tant parler d’elle. Non pas que je l’ai vu en retard, mais plutôt que j’ai eu assez la flemme de l’écrire, car plus le temps passe et plus j’ai ce mauvais goût en bouche en y repensant. Bref, entrons dans le vif du sujet.

Autant vous le dire tout de suite, j’ai passé moment sympathique à regarder ce film, tout en étant conscient de ses très nombreux et inexcusables défauts. En tout cas j’ai plus apprécié voir Suicide Squad que le dernier X-men par exemple (je vais me faire lyncher). Difficile pourtant de rentrer dedans au départ, puisque qu’il n’y a pas de véritable scène d’introduction. J’ai rarement vu un film démarrer aussi bizarrement. Les scènes s’enchainent trop rapidement, présentant les membres de la Squad presque sous forme de clip et presque « à l’arrache » pour certains, avec un enchainement de musique maladroit ; ce sera d’ailleurs le cas tout au long du film. Les musiques utilisées sont bonnes mais toujours utilisées n’importe comment, d’ailleurs je ne m’en rappelle que de très peu… Même constat pour la bande originale composée par Steven Price, qui en plus de cela fait très anecdotique.

L’intérêt principale de la Skwad est évidemment ses personnages, assez attachants dans l’ensemble : le Deadshot de Will Smith sort du lot, faut dire que c’est à lui qu’on a donné le plus d’importance, Margot Robbie est excellente en Harley Quinn, même si le personnage fait énormément polémique à cause de son écriture (le dialogue avec le gardien de prison, ce malaise, on aurait dit des phrases sorties tout droit de Jacquie et Michel…), Viola Davis est parfaite en Amanda Waller, Jai Courtney alias Boomerang est très efficace en tant que caution blague du film, après on tombe dans le moins bon : El Diablo cliché au possible, Killer Croc banal (même si le rendu physique est très réussi), Katana qui sort de nulle part, et Rick Flagg plat comme tout. Et parmi tout ce bazar… CARA DELEVIGNE L’ENCHANTERESSE.

T'aurais mieux fait de rester dans ton bain

Pour ceux qui ne l’ont pas vu, spoil, l’Enchanteresse est la « grande menace » du film. Et quelle catastrophe. On y croit pas une seule seconde. Ses motivations sont bidons. Je ne sais pas quoi dire de plus tellement c’est vide. Enfin, le fameux Joker de Jared Leto, qui lui aussi fait polémique, me rend assez neutre. Trop peu présent à l’écran pour se faire un réel avis.

Outre le fait que ce troisième film du DCEU soit coincé le cul entre deux chaises entre le ton initial donné par Ayer et le ton plus fun imposé par le studio, ses problèmes de montage et de rythme ultra visibles, ce Suicide Squad n’a simplement aucune ambition, et ne tente rien. Il est inutile au sein de l’univers DC au cinéma, n’y a aucun impact hormis le fait d’y apporter ses personnages pour le long terme (ou pas, vu les critiques), et est en plus très maladroit dans l’élargissement du DCEU sur le plan magie / méta-humains, alors que cet univers relevait jusqu’à maintenant presque de SF avec les aliens. C’est assez incroyable qu’il n’y ait pas d’explications plus poussées ou de justifications à la présence de personnages comme El Diablo, Enchanteresse, Katana… Ils sont là et c’est tout, faut faire avec. Là encore, on pouvait s’attendre à une mise en scène particulière pour la première apparition dans le film de personnages aussi mythiques que le Joker et Batman, mais non, ils sont lâchés comme ça, sans raison. Je me mets à la place des spectateurs qui ne connaissent pas les personnages, ils devaient être largués !

Question ! Je suis le plus grand méchant des comics, personnification du mal, le nom de mon interprète est en seconde place sur l'affiche du film et pourtant on ne m'y voit pas 5 minutes, qui suis-je ?

Vous remarquerez que je n’ai pas encore abordé le scénario, simplement car il tient sur un post-it. C’est d’une banalité affligeante, l’équipe se bat contre des espèces de crapauds humains dans une ville dont les habitants semblent tous avoir été tués (d’ailleurs à AUCUN MOMENT on ne veut nous faire comprendre la gravité de la situation). Quelques scènes ressortent du lot, mais rien qui ne rattrape l'ensemble. Bref je n’irais pas plus loin.

Suicide Squad est une déception cuisante après ce que nous ont fait miroiter les bandes-annonces. Sur de nombreux points le film est un échec, et ne pourra pas se sauver même en invoquant la fameuse Director’s Cut dite plus sombre et sérieuse, parce qu’avec un méchant pareil, ça aurait été encore pire. Cette Suicide Squad n’a pas d’autre ambition que d’être un film léger en plein été, et malgré ce lourd bilan, comme je vous l’ai dit, j’ai passé un bon moment en salle, et comme l’a dit John Ostrander, qu’y a-t-il de mal à apprécier un gros film d’été ? Maintenant, est-ce que cela vaut de remettre un billet pour une « Edition Ultime » à nouveau ? Je n’en suis pas si sûr. Vite vu, vite oublié.