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BvS : le film qui déchaine les passions
Après une semaine de diffusion dans les salles, une semaine de débats et de divisions, et une semaine à 424 millions de dollars dans le monde, il était grand temps que je vous livre mon avis sur le film. Indignement descendu par la critique américaine, suivie par une partie de la critique française et des blogueurs, BvS est, comme pour Man of Steel, un film qui divise. Voir pire. Alors voici mon avis, qui ne pèsera pas pour beaucoup, noyé dans la masse, mais qui me tient à cœur.
Batman v Superman : la parole est à la défense
Fruit de 3 longues années d’attente, BvS est arrivé sur nos écrans ce 23 mars 2016. Première rencontre des deux plus grandes icônes des comics au cinéma, ce film était attendu comme l’évènement de 2016, comme la première vraie pierre du DCuniverse commun au cinéma. Les attentes étaient donc incroyablement hautes, et le cahier des charges bien remplit : la Warner joue tout économiquement sur leur dernière licence exploitable, DC, le film se devait d’introduire un nouveau Batman pour cet univers cinématographique après l’excellente prestation Nolan / Bale, et préparer son univers à l’arrivée de la Justice League. Un sacré défi à relever pour Zack Snyder.
Aller, je vais mettre les pieds dans le plat tout de suite, j’ai aimé Batman v Superman. J’ai adoré, même. J’avais pourtant très peur de toutes ces critiques négatives (euphémisme), mais elles ne m’ont heureusement pas empêché d’apprécier ces 2h30. Rien que la scène d’introduction m’a procuré des frissons. Hé oui, pourtant, « encore le meurtre des parents Wayne » se plaignaient certains, et c’est là une magnifique scène d’ouverture pour le film, accompagnée d’une très belle musique. Le film reprend la suite de Man of Steel, dont beaucoup d’éléments sont réutilisés : bataille de Métropolis du point de vue de Bruce Wayne (superbe), zone du crash dans Métropolis, zone de la machine à terraformer dans l’océan indien…
En tenue pour casser du hater
Les acteurs
Avant de rentrer dans le vif du sujet, petit passage par les performances des acteurs. Ben Affleck, lui qui a si longtemps et intensivement été moqué (on se souvient du bashing hallucinant lors de son annonce…) est un excellent Batman, si ce n’est le meilleur. Le Batman dont Affleck nous rend la copie est inédit : fatigué et aigri par 20 ans de carrière plus ou moins vaine, et dont les évènements de MoS ne l’ont pas laissé de marbre… quitte à mettre son code d’honneur de côté et de devenir beaucoup plus violent, voire même tuer. Complètement à l’opposé des valeurs du Batman tel qu’on le connait, cette version est inspirée du TDKR de Frank Miller, sombre, torturé et presque suicidaire. C’est un parti pris artistique, discutable et qui fait déjà polémique, mais pour en parler en détail il faudrait spoiler, alors j’y reviendrais dans un prochain article, m’attaquant aux critiques faites au film, notamment lié à ce Batman (j’ai du boulot).
Le deuxième personnage à diviser est celui de Lex Luthor, interprété par l’excellent Jesse Eisenberg. Il divise car le personnage est très éloigné de celui que l’on connait, ici il est même complètement fou, et apporte une touche de légèreté à un ensemble très sombre et sérieux. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié cette version du personnage, même si éloignée, car elle est fraiche et inédite, et comme Batman, c’est un personnage qui a été de nombreuses fois présent sur les écrans.
Le reste du casting est tout aussi excellent : Jeremy Irons est parfait pour donner la réplique à Ben Affleck, et fait un excellent Alfred, conscient que son maître prend le mauvais chemin, bien que peu présent à l’écran. Gal Gadot en Wonder Woman est tout simplement magnifique. Le choix de l’actrice divisait lui aussi avant le film (surtout pour un argument, disons, matériel), pourtant elle fait désormais l’unanimité. Henry Cavill fait sans surprise un toujours aussi bon Superman.
La révélation du film
Le problème du montage
S’il y a bien un défaut problématique à ce Batman v Superman, c’est son montage, foiré, surtout sur la première moitié du film. Les scènes se succèdent, parfois sans lien entre elles, et ce problème gène la compréhension de l’intrigue et sa fluidité. On le sait désormais, la version Director’s Cut possèdera 30 minutes de film supplémentaire, 30 minutes qui auraient bien aidé le film face aux critiques. On ressent à quelques moments que le film est pressé d’arriver au combat par ses coupes, ou même vers la fin, par exemple la création de Doomsday se fait en 2 scènes assez rapides. Or on sent qu’il manque là des scènes où Luthor apprend comment le créer.
Hormis ce problème de rythme, l’intrigue se laisse suivre, et est intéressante. On suit le cheminement de ce Batman perdu dans sa croisade, constamment sur la ligne, dépassé par ce dieu vivant. Le film aborde des thèmes profonds comme les conséquences des actes de ces surhommes (ce que Marvel ne fait que maintenant au cinéma avec CW), la politique ou la religion. Le film a le droit à son lot de scènes marquantes, comme le rêve « Mad Max » de Batman, la course-poursuite en Batmobile, ou l’incroyable scène de la commission.
Batman Fury Road
Dans une dynamique de Justice League (pressée, il est vrai), les autres membres sont donc rapidement présentés. La présence de Wonder Woman est totalement légitime et utile, alors que d’autres le sont moins. Ces membres sont présentés sur une clé USB (c'est pas Lucy) et, alors que la partie sur Wonder Woman est utile, ceux de Flash, Cyborg, et Aquaman en tête, sont très discutables. C’est vraiment pour dire « coucou on est là », même si cela servira pour les intrigues futures, c’est un petit peu l’effet donné. Seul caméo très appréciable, celui de Ezra Miller, pas sur clé cette fois, mais je n’en dirais pas plus (j’en étais resté le souffle coupé sur mon siège, on ne s'y attend pas du tout à ce moment-là).
Le film prend le temps de nous présenter ses enjeux, dans un ton sombre et sérieux qui lui réussit, et n’est pas pressé de nous balancer action et effets spéciaux au visage. Cela fait très plaisir face à une concurrence qui, à contrario, propose des films légers et bourrés d’action. Ce Batman v Superman est donc très appréciable dans ses propos, son ton, son sérieux, cela change la donne pour le « genre super-héroïque », et c’est le parti pris de DC au cinéma, faire des films plus sérieux quitte à obtenir quelque chose de moins grand public. A voir si cette stratégie paiera. Enfin pour en revenir au scénario, le film n’échappe pas à certaines ficelles scénaristiques, notamment le dénouement du duel Batman / Superman et ce qui les fait s’allier. Un peu facile mais au final logique et pas forcément idiot comme on peut le lire un peu partout. Enfin le dernier acte du film propose son moment BOUM BOUM Blockbuster bien appréciable, une belle bataille finale, le tout sous l’excellente BO de Hans Zimmer et Junkie XL. Et puis Batman est BADASS, la scène de l’entrepôt est juste dingue, dans la lignée des Batman Arkham. Pour terminer, le combat tant attendu du film est certes court, mais intense, et réserve son lot d’images marquantes.
Allez le voir
Résultat, Batman v Superman est un très bon film, injustement critiqué. Non, il n’est pas exempt de défauts, mais rien qui ne justifie tout cet acharnement. Forcément les attentes étaient énormes, mais il s'en sort plus que bien. DC propose une alternative sérieuse aux films légers et standardisés de Marvel Studios. Sincèrement, allez voir ce film par vous-même, ne vous fiez pas aux critiques ultra-négatives, faites vous votre propre avis. Batman v Superman sera un film qui se laissera beaucoup plus apprécier avec de nouveaux visionnages et avec le temps, croyez-moi (et avec la version longue qui gommera certains défauts, on l’espère).